Resident Evil 6 - Gaming Nation

Un retour aux sources?
Quinze ans depuis l’incident de Raccoon City, et trois ans depuis la mort d’Albert Wesker lors du dernier jeu, on ne pouvait être plus heureux lorsqu’on nous apprenait au printemps dernier qu’un sixième opus à la série allait sortir cet automne. Mettant cette fois-ci en vedette nul autre que Leon S. Kennedy et Chris Redfield, en plus de Sherry Birkin que l’on put voir dans Resident Evil 2 lorsqu’elle n’était encore qu’une gamine, le choix de protagonistes était prometteur. De plus, trois nouveaux personnages dont l’un d’entre eux le fils de Wesker, Jake Muller, suscita beaucoup de questions chez les amateurs, de quoi mettre l’eau à la bouche. Cependant, plus le temps passait, plus on pouvait devenir sceptique quant à l’approche qu’allait prendre le jeu. Capcom nous disait que ce sixième opus allait être une sorte de retour aux sources, en plus de nous offrir un jeu beaucoup plus gros. On peut dire que c’était un pari risqué de leur part. Désormais sur le marché, Resident Evil 6 a su être sujet de controverse en raison de la disparition quasi-totale de toute ambiance propice aux premiers jeux de la série qui avaient su grandement plaire à l’époque en plus d’offrir une jouabilité littéralement basée sur l’action. Même si nous avons enfin droit à un retour de nos chers zombies préférés, parfois pousser les limites trop loin en terrain inconnu n’est pas la meilleure option.

Une histoire séparée en plusieurs morceaux
L’histoire se situe en 2013 lorsque Leon et Helena Harper, sa nouvelle complice semblent être attaquer par un hélicoptère qui les suit à la trace, alors que ceux-ci tentent de trouver refuge en attendant qu’Helena ne reprenne des forces. Une fois avoir passé les premiers obstacles, tuer une dizaine de zombies, courut sur une autoroute mis en pièce qui s’apprête à s’effondrer sous leurs pieds à tout moment et piloter un hélicoptère militaire ayant un zombie comme pilote, on se voit apprendre que tout ceci n’était qu’un prologue. Étant un aperçu du jeu auquel nous allions être confrontés pour les trente prochaines heures, ça en est assez pour rendre certains amateurs sceptiques.

En effet, en plus d’être doté d’une campagne pour chacun des trois protagonistes principaux : Leon, Chris et Jake, lorsque le tout est finalement accompli, on se voit débloquer celle d’Ada Wong. Étant un personnage mystique baignant entre le bien et le mal, il est intéressant de jouer à son mode campagne à la toute fin pour obtenir certaines réponses qui se veulent incomplètes à la fin du jeu. D’ailleurs, il est difficile au début de comprendre quoi que ce soit, car nous sommes souvent portés à assister à des flash-backs qui nous permettent petit à petit de discerner quel est le réel conflit derrière cette histoire, ce qui peut être ennuyant au début. Toutefois, si l’on avait à comparer le jeu à son prédécesseur, les événements qui se produisent dans ce jeu se veulent être beaucoup plus intéressant et poussés, nous entraînant davantage dans la trame narrative. Les fins de chacun des personnages, qui se veulent être différentes, laissent néanmoins à désirer.

Tout au long du jeu, on se voit donc avoir le choix de jouer selon notre guise à l’histoire de Leon et Helena, qui débutent leur partie dans un bureau avec un président des États-Unis changé en zombie, alors que celle-ci voulait dévoiler la vérité sur Raccoon City au grand public. D’un autre côté, nous avons aussi Chris et son coéquipier aussi membre de la B.S.A.A., Piers Nivans, qui combattent aux côtés de d’autres soldats de la même organisation afin de sauver le plus d’innocents possibles. Finalement, il y a la campagne de Jake, qui étant le fils d’Albert Wesker, possède l’antidote au Virus-C en lui. Se voyant être un espoir pour le monde entier si l’on pouvait utiliser son sang, il est assisté par Sherry Birkin, qui tente d’ailleurs de le ramener à bon port, alors que Neo-Umbrella tente plutôt de l’attraper pour plutôt utiliser son ADN pour développer de nouvelles armes bio-terroristes.

Parfois il faut apprendre à ne pas étirer la sauce
Resident Evil 6 arrive à se démarquer de son prédécesseur par sa capacité à nous offrir une jouabilité beaucoup plus réaliste quant à ses contrôles. Ayant désormais la possibilité de tirer en marchant et d’utiliser l’espace de jeu avec beaucoup plus d’aise qu’auparavant, cette innovation dans la série est probablement l’un des éléments les plus importants et réussis. De plus, la manière dont nous pouvons utiliser et disposer de nos armes, balles et soins médicaux sont beaucoup plus faciles grâce au nouveau type d’inventaire qui se veut être plus facile à manipuler que dans Resident Evil 5. À nouveau, nous sommes forcés d’entrer dans celui-ci en temps réel ce qui rend l’expérience de jeu plus difficile, mais d’autant plus réaliste que la fameuse valise gigantesque que nous avions dans le quatrième opus. Par contre, lorsqu’il en advient à tous ces obstacles auxquels nous sommes confrontés, c’est à ce moment-là que le réalisme que Capcom tentait de créer perd toute sa crédibilité. Certains ennemis donnent parfois l’impression d’être invincible, car ils ne meurent tout simplement pas et reviennent nous hanter à plusieurs reprises, et ce, malgré la tonne de balles que nous utilisons contre eux. Il en est de même pour tous ces segments où nous devons contrôler une moto, un véhicule militaire ou même un jet. On ne croit plus à l’ambiance que tentait d’installer le jeu, car elle est constamment briser par de tels moments qui se veulent nous rappeler les films d’action à la Michael Bay, ce qui n’est vraiment pas propice à la série.

Le principal défaut dans Resident Evil 6, c’est que le jeu peut à la fois être très amusant et nous rappeler de bons souvenirs quant à ses références aux premiers jeux, et nous emmerder à un tel point de nous enlever l’envie d’y jouer. En passant par des segments où l’on doit continuellement appuyer sur des boutons lors des « quicktime events » et être confronté à des moments où le ridicule est de mise; la magie derrière tout le monde de Resident Evil prend désormais fin. Plutôt que d’accomplir parfois de simples missions, Capcom étire beaucoup trop la sauce en nous proposant des moments qui font en sorte que nos objectifs n’en finissent plus et deviennent ennuyants à la longue. Par exemple, courir dix minutes dans la même pièce pour arriver à tuer une sorte d’homme-araignée sur huit pattes qui détient un hottage ou encore une fois, se mesurer à un ennemi de fin de niveau qui ne cesse de revenir aux deux minutes, mais sous une forme encore plus ridicule.
Sinon, en ce qui a trait à l’intelligence artificielle, elle se voit être beaucoup plus à point que lors du dernier jeu. En fait, elle l’est tellement, qu’il est quasiment impossible pour celle-ci de mourir à moins d’être vraiment malchanceuse. Néanmoins, lorsque vous êtes aux côtés de soldats alliés comme dans la campagne de Chris, l’intelligence artificielle de celle-ci peut ne pas être très réceptive au fait qu’elle fait face à une bande d’ennemis armés qui eux aussi, restent figés là pendant quelques instants à les regarder avant que votre personnage n’intervienne. Bref, on assiste encore à un déséquilibre de l’intelligence artificielle, mais qui demeure moins persistant que dans l’opus précédent à certains moments.

Cependant, Resident Evil 6 contient un certain nombre de références aux jeux antérieurs, dont le fameux serpent géant du premier jeu ou des Ustanaks, qui nous rappellent étrangement Nemesis. De plus, l’une des grandes qualités du jeu est aussi le fait que la variété d’ennemis auxquels nous sommes confrontés est très variés, comparativement aux opus précédents, et ce, même si certains peuvent être difficiles et longs à éliminer. Aussi, certains niveaux du jeu contiennent de petits « puzzles » qui nous rappellent très bien ceux auxquels nous faisions face il y a plusieurs années.

Comme au cinéma!
Sur le point technique, Resident Evil 6 n’a pratiquement rien à se reprocher. Il peut arriver que pendant certaines cinématiques, des personnages secondaires à l’histoire ne soient pas aussi détaillés au niveau des textures que les protagonistes, et qu’il y ait des pépins visuels de temps en temps. Cependant, la majorité du temps, le jeu reste magnifique, nous proposant ainsi de nous balader tant dans les rues des États-Unis qu’en Europe ou même en Chine. De plus, les personnages que nous contrôlons réagissent très bien à l’environnement en plus de rendre celle-ci réel. Par exemple, lorsque nous sortons de l’eau, on arrive facilement à remarquer que nos vêtements sont mouillés et le reste assez longtemps pour garder cet effet de réalisme. Le rendement final est donc très impressionnant, tout comme l’aspect cinématographique du jeu, et ce, même si plusieurs reprochent justement cet aspect du jeu à Capcom. Resident Evil 6 pourrait très bien être un film.

Quant à l’aspect sonore du jeu, impeccable! Le doublage des voix est très bien réussi, et Capcom a enfin réussi à ne pas donner un effet de « canne de conserve » que l’on pouvait retrouver dans Resident Evil 5. Le son est clair, et la bande sonore du jeu est propice à tout ce qui ce passe.

Un nouveau souffle pas trop inspirant
Pour tous ceux qui restent curieux à l’idée de donner une chance à cet opus qui mérite tout de même d’être essayé, certains y trouveront plaisir, alors que d’autres non. Le jeu nous offre tout de même quatre campagnes diversifiés et sommes toutes amusantes en plus d’un classique mode Mercenaries et Agent Hunt, même si ce dernier est plutôt rapidement oubliable. Il vous faudra une bonne trentaine d’heures minimum pour parvenir à tout compléter pour tous ceux qui désireraient s’aventurer encore une fois dans le jeu en mode New Game+ en plus de l’essayer en difficulté « professionnel ».

Bref, Resident Evil 6 n’est pas un mauvais jeu. Au contraire, il est un excellent jeu, mais qui souffre tout simplement de plusieurs défauts qui font de ce jeu, un produit mal rendu. Remplie de séquences répétitives et d’objectifs parfois inintéressants et mal équilibrés, le sixième opus de la très célèbre franchise, anciennement connu pour être un jeu de survie et d’horreur saura déplaire à beaucoup de joueurs. Resident Evil 6 est un très mauvais Resident Evil, mais en bout de ligne un excellent jeu d’action qui contient une histoire intéressante et qui se tient. Par cette conclusion, on peut comprendre que Capcom essayait de donner un nouveau souffle à la série, qui se voyait vivre une crise d’identité au fil des années. Cependant, la prochaine fois qu’ils diront vouloir faire un retour aux sources, espérons que cette fois-ci, ils aient vraiment écouté la majorité des joueurs qui ne souhaitent que d’avoir peur.

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